…ou comment gérer cette question
anodine hautement anxiogène.
Si vous avez déjà été à une
soirée, on vous a sûrement déjà demandé cela. En général, c’est la question qui
suit « tu fais quoi dans la vie ? » et précède « et tu
connais qui ici ? ». La plupart d’entre vous expliquent alors
brillamment leur goût prononcé pour je ne sais trop quelle chanteuse / groupe
pop-rock récent, voire, comble de la classe, leur participation à un groupe.
Le problème pour moi, c’est que
je n’écoute rien.
J’ai grandi comme trop de
malheureux au son de Nostalgie, diffusé en boucle dans la voiture de mes
parents à chaque départ en vacances. Je suis donc capable de vous chanter tout
Jean-Jacques Goldman, performance qu’il vaut mieux éviter de trop mettre en
avant en soirée.
Par suite, j’ai essayé d’écouter
de la musique. Sincèrement. Mon problème, c’est que la radio en musique
d’ambiance, c’est simple, je n’ai jamais pu. Ou plutôt, c’est totalement
inefficace. Vous pouvez me diffuser n’importe quoi, si je fais autre chose, je
n’entendrai pas ce qui passe. Une exception : lorsque la radio produit des
sons rappelant étrangement le bruit d’un hélicoptère en vol – je ne citerai pas
de nom de groupe – mon cerveau se rebiffe et me demande instamment d’arrêter
ça. Si je veux vraiment écouter de la musique, il faut que je m’assoie sur une
chaise en fixant ma chaîne Hifi, ce qui, avouons-le, est assez rapidement lassant.
A la longue, j’ai fini par assumer ma
méconnaissance musicale. Ce n’est pas tous les jours faciles : j’apprends
l’existence de chanteurs qui s’empressent alors de mourir (merci, Amy
Winehouse), voire pire, je les découvre quand plus personne ne les écoute – et qu’ils
sont alors diffusés en boucle dans tous les Etam, Camaïeu, et autres Naf-Naf.
L’avantage, c’est que je suis bon
public. Je suis avec enthousiasme mes amis à des concerts de folk, de fado ou
de rock russe.
Vous comprenez donc que je
m’embrouille lorsque j’essaie avec désespoir de trouver une réponse cohérente à
la fameuse question des goûts musicaux. J’ai essayé le « un peu de
tout », tout aussi inefficace, bien que moins hostile, que le « rien,
pourquoi ? ». J’ai essayé de répondre largement (et au choix en
fonction de l’inspiration du jour) « rock, folk, pop, jazz », mais
cela a alors été suivi d’une demande d’info complémentaire sur le groupe
préféré. Et là, ça se complique,
d’autant qu’il ne faut pas commettre d’impairs. Parce que « j’adore
le jazz, mon groupe préféré est Noir Désir », ça peut prêter à confusion.
J’ai aussi envisagé de répondre « uniquement des shoegazers », mais
j’ai appris à me méfier des jeunes hommes bien sous tous rapports exerçant un
métier respectable ; certains écoutent vraiment des groupes pour le moins
improbables et ont une chance (une malchance pour moi) de s’y connaître.
Alors maintenant, quand on me
gave trop sur la musique en soirée, soit j’ai vu une expo récemment, et je
réoriente la conversation dessus pour pouvoir me la péter tant que je me
rappelle à peu près de la biographie du peintre que j’ai vu (en inventant au
besoin 3-4 petits détails), soit je m’éclipse discrètement à la recherche d’une
personne non sectaire susceptible d’adresser la parole à une musicophobe.
Heureusement pour ma vie sociale, il y en a quelque uns. Merci à eux.
Et le bonus :
Attention c’est dangereux !
Sinon,
il vous reste Nostalgie :